Un jour, je me suis réveillée et on m’a dit qu’il fallait partir…
Que tes heures étaient comptées et qu’il fallait me préparer…
Dans ce dernier voyage, je n’ai pas pu t’accompagner, on m’a interdit de te rejoindre et toute ma vie je m’en voudrais !
Tout s’est passé à une vitesse folle et malgré tout je m’en souviens comme si c’était hier…
Je voulais te voir une dernière fois, on m’a caché qu’il était déjà trop tard, pour m’épargner m’a t on dit plus tard…
Mais qui sont ces gens qui pensent à ma place ? Qui a le droit d’évaluer ma capacité à faire face ? Qui ? Qui ? Qui ?
Le téléphone a sonné et l’inévitable sentence est tombée… je ne reverrai plus jamais ma grand mère adorée…
J’avais encore tellement de chose à te dire, tu avais encore tellement à m’apporter…
Je chéris aujourd’hui encore chaque souvenir, chaque instant à tes côtés…
Aujourd’hui je suis maman et je mesure l’importance d’une grand mère à nos côtés… Mini Moi a la chance d’avoir ses 4 grands parents et je lui souhaite d’en profiter plus que je n’en ai eu l’occasion…
Avoir des grands parents qui vivent à l’étranger n’est pas facile à gérer… Il faut programmer les vacances, s’accorder pour que chacun puisse profiter mais ce n’est pas pareil…
Je regrette ces étés trop nombreux où je comptais les jours passés aux côtés de ma grand mère adorée sur les doigts d’une main… Je ne savais pas à l’époque combien je l’aimerai de toutes mes forces et combien grâce à elle je revendiquerai mes origines espagnoles…
Je ne jette la pierre à personne car je fais partie de ces enfants privilégiés qui partaient 2 mois de vacances entre la mer et la montagne, laissant à la montagne moins de place qu’à la mer…
Partir seule chez les grands parents ne se faisait pas à l’époque, pour ne pas déranger ou ne pas fatiguer des grands parents gâteaux et généreux mais fatigués par le poids des années. Je les ai toujours vus fringants avec mes yeux d’enfants puis plus tard d’adolescente…
Je me souviendrai toujours de la classe innée de ma grand mère, dont ma propre mère a hérité et à laquelle j’aspire secrètement mais inégalée à ce jour… Ce port de tête, ce sourire, toutes ces heures où elle priait avec son chapelet serré fort entre ses doigts…
Je la revois comme si c’était hier, je redeviens une enfant… Je repense à toutes ces choses que je n’ai jamais osé lui dire… De peur de me tromper et de mélanger le portugais et l’espagnol… Elle se moquait souvent de moi car je n’ai jamais voulu parler le Galego, et m’adressait à elle en Castellano, elle me trouvait bourgeoise, je la trouvais belle… Je manquais de courage, elle était fière de moi…
Ma grand mère était mon modèle je l’ai découvert il y a peu… Je respectais sa pudeur, elle m’impressionnait autant que j’avais envie de me blottir dans ses bras… Paradoxe paradoxal…
Il y a 2 ans et demi Mini Moi est né… son papa est portugais, j’ai baigné dans la culture portugaise davantage que dans la culture espagnole et pourtant ce fut irrépressible… Mini Moi apprendrait l’espagnol, quoi qu’il m’en coûte ! Je fais des efforts au quotidien, je m’accroche et j’use et abuse de divers subterfuges quand je ne connais pas un mot… Je crie en espagnol, je m’émeus en espagnol, je l’aime en espagnol…
Chaque jour qui passe je découvre un peu plus qui je suis, j’ai toujours eu ce besoin d’appartenance et je n’ai pas achevé ma quête… J’ai trouvé un semblant d’apaisement et de quiétude en devenant maman, en devenant le Roc solide de mon fils… ou du moins quelque chose d’approchant… (je ne connais pas beaucoup de rocs en mode chamallow…)
Je l’ai déjà dit, je suis fière de mes origines, je ne suis pas encore fière de qui je suis, mais je suis fière de ceux auxquels j’appartiens, je suis fière des miens…
Abuelita aunque estés lejos de mi, te quiero con todo el corazon… te hecho y te hecharé siempre de menos… pero al hablar español con mi hijo estaras siempre cerquita…