J’étais pleine d’intentions, bonnes ou mauvaises elles étaient là et, comme souvent quand je pense trop ou que je vois trop grand, c’est retombé comme un soufflé…
En ignorant, la mort de mon père, j’ignore mon chagrin, je ferme la porte aux émotions et je n’ai pas besoin de remplir ce vide immense et plus que tout je ne me sens pas coupable.
Lorsque j’écris ces lignes, je ne sais ni par ou commencer, ni si pleurer ou crier, voire tout envoyer valser.
Bien sûr j’ai envie d’écrire, je pense même que j’en ai besoin mais par où commencer, quoi dire, quoi faire…
J’appuie sur les touches et j’appuie un peu plus fort sur ce qui se passe, sur ce qui me dépasse.
J’ai envie de pleurer, j’ai envie de l’entendre, j’ai les yeux embués et je renifle bien trop fort.
Je suis pathétique, sûrement mais si vous saviez comme j’ai mal, comme je m’en veux comme si c’était ma faute, alors même que je n’y suis pour rien. Alors comment me défaire de ce sentiment qui me hante ?
J’aimais mon père comme on aime un ami qu’on voit peu, mais sur qui on pourra toujours compter.
J’aimais mon père parce qu’il était mon père et que j’étais sa fille point.
J’aimais mon père et je voulais qu’il soit fier et même ça je n’en suis pas certaine.
Au lieu de penser à toutes ces choses que l’on a pu faire, je ne peux m’empêcher de penser à tout ce qu’on a pas fait, à tout ce qu’on ne s’est pas dit, c’est infernal.
J’attends un signe qui ne vient pas, alors que j’ai l’impression d’en voir partout : un oiseau, un papillon, une golf grise… Le soir je parle à ma veilleuse et lui supplie de m’envoyer un signe mais rien… ou alors elle vacille un peu, ou c’est peut-être moi qui bouge et je crois qu’elle tremble… Bref, c’est tout sauf cohérent.
J’essaie de faire bonne figure, mais la plupart du temps je n’arrive pas à me concentrer, c’est dur à admettre, encore plus à comprendre, c’est fou comme ça peut prendre de la place.
Sauf quand je lis… alors j’essaie de lire beaucoup, ça m’occupe l’esprit et les mains… et puis je pense à autre chose… ça me canalise mais ça ne fait que déplacer le problème ou reculer l’échéance, je sais bien…
Je ressens une telle tristesse, une telle détresse et une telle haine que je ne sais plus quoi en faire.
La vie reprend peu à peu, la rentrée est là, les enfants sont en pleine forme et moi qui « adore » la rentrée et ses résolutions, ses nouveaux départs, elle m’angoisse plus que tout, je vivote.
Je donne le change, je vais au travail, les enfants ont tout ce qu’il faut et je suis encore plus proche de mon mari, mais je trimbale ce vide immense qui tantôt m’avale et m’enterre et tantôt me propulse et m’éjecte de mon propre corps.
Je pense à mon père et à tout ce que je ne lui ai pas dit, à tout ce que LUI m’a dit et qui tourne dans ma tête encore et encore…
Je revois parfois les images, même si je ne sais pas si j’en parlerai un jour, et je me sens tellement impuissante, coupable, triste…
Je voudrais un signe de mon papa, savoir qu’il va bien où qu’il soit et à la fois je me dis qu’il a besoin d’être tranquille alors peut-être qu’il prend son temps… et qu’un jour il viendra me rendre visite…
Je ramène tout à moi, parce que je mesure mon chagrin ; je ne peux pas mesurer celui des autres et puis sur ce coup là, permettez-moi d’être égoïste…
Je ne saurai jamais si mon père savait combien je l’aime, combien je suis désolée si je n’ai pas été à la hauteur et combien je voudrais de toutes mes tripes qu’il soit là.
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